Espaces publics la Vallée
Amiens, France
Le campus conçu par René Coulon en 1953 a été profondément remanié pour mieux se connecter à la ville contemporaine, repenser son organisation générale et rénover certains bâtiments. La place des amphithéâtres, carré de 30 x 30 mètres était un lieu de transit sans qualité. Elle a été transformée en antichambre, un lieu où l’on se sent accueilli. Les façades ont été transformées, quelquefois en se dotant de structures en avant plan. Elles remodèlent les proportions de la place et mettent les bâtiments en relation.
L’implantation d’une ombrière sur l’une des façades, à 10 mètres de hauteur, crée un effet de plafond qui confère à cet espace extérieur un sentiment d’intériorité, de salon urbain. La pluralité des matériaux enrichit sensoriellement le lieu : la structure et les ventelles de l’ombrière sont en acier ; certaines façades sont habillées de bois ; le sol est une plaque de béton continu dans laquelle ont été ménagées des réservations pour implanter des bandes de béton désactivé ; les assises sont des volumes en béton. La végétation qui se développe dans des bandes de pleine terre participe du nouveau rapport d’échelle et de sa sensualité.
L’aménagement met en place une nouvelle géographie, avec ses masses et ses creusements, les constructions et l’espace public, qui est un système hiérarchisé. Les objets articulent le vide et, spatialement et sensoriellement, il s’agit de constituer une scénographie urbaine. Le mobilier, les lignes de plantations et de candélabres installent des transitions visuelles entre l’horizontale du sol et la verticale des façades. Ces dispositifs permettent de retrouver le souffle, la grande respiration urbaine, que savaient historiquement mettre en place les grands bâtiments publics.
La finitude de la planète et des ressources naturelles fait maintenant partie de la conscience collective. Un architecte intervient puissamment sur le réel et porte donc avec ses commanditaires et partenaires une responsabilité et un pouvoir d’agir dont il doit se saisir. La responsabilité sociale d’aujourd’hui est une éco-responsabilité, qu’il s’agisse de gérer le foncier de manière économe, du choix des matériaux, de la gestion thermique et du confort d’été.